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Prendre une décision au consensus

Nombre de participant·es

2 personnes pour l’animation + un groupe de taille quelconque

Matériel nécessaire

matériel au choix pour la prise de note, si possible la prise de note est visible par tou·tes

temps nécessaire

autant que nécessaire

Nombre de participant·e·s : 2 personnes pour l’animation + un groupe de taille quelconque
Matériel nécessaire : matériel au choix pour la prise de note, si possible la prise de note est visible par tou·tes
Temps nécessaire : autant que nécessaire

Pourquoi c’est important ?

Comment prenez-vous des décisions collectives dans votre vie quotidienne, militante, professionnelle, associative, etc. ? Peut-être que parfois vous le faites au consensus. Peut-être sans vraiment le savoir…

Une méthode de consensus doit permettre de produire des décisions qui recueillent une adhésion large dans un groupe. S’il existe plusieurs méthodes pour atteindre le consensus, toutes  poursuivent des objectifs communs et partagent des principes de l’éducation populaire : associer le maximum de monde à la discussion, construire ou renforcer un collectif, travailler le dissensus, etc.

Opter pour le consensus prendra plus de temps que de décider à quelques-un·es dans l’urgence. Parfois il faut savoir « perdre du temps maintenant pour en gagner plus tard ». L’objectif n’est pas de prendre systématiquement nos décisions au consensus, mais plutôt d’identifier les situations dans lesquelles c’est particulièrement approprié. Contrairement à des méthodes comme le vote qui ont tendance à diviser un collectif le temps de l’arbitrage, une décision prise au consensus aura tendance à renforcer le groupe et à l’orienter vers l’action concrète. Pour autant, on ne cherche pas un « consensus mou », mais plutôt à muscler notre intelligence collective.

Comment faire ?

Pour vos premières tentatives, n’essayez pas de prendre une décision cruciale et très clivante pour le collectif. Entraînez-vous plutôt sur des sujets avec un enjeu raisonnable : « Quelle sera notre prochaine action militante ? », « Quel film allons-nous choisir de projeter pour la séance ciné-débat de ce mois ? », etc. Quand vous serez plus en confiance avec la méthode, vous pourrez augmenter les enjeux.

Il n’y a pas de façon unique de décider au consensus. Mais pour se faire une idée sur les principes du consensus, on peut se référer au schéma suivant .

Graphique traduit et adapté de l’ouvrage A Consensus Handbook: Co-operative decision-making for activists, co-ops and communities

Bien comprendre l’étape 6 : vérifier le consensus

On détaille ici les positions que peuvent prendre les individus ou le collectif dans l’étape 6 :

TermesDescriptions
BlocagePermet de bloquer la proposition, donc le processus. Besoin de revenir en arrière. Cela engage fortement la responsabilité de la personne qui le formule.
Réserve, mais consentementOn peut émettre une réserve sur la proposition, mais préciser qu’on ne s’oppose pas à sa validation. Dans ce cas on donne son « consentement » ; soit parce qu’on ne participera pas à sa mise en place, soit parce qu’on souhaite seulement adresser un point de vigilance, une insatisfaction, mais sans en faire un point de blocage.
Consensus fortIl n’y a plus d’objections ni de réserves. On a atteint le consensus.

Animation

Comme dans toute discussion collective, il est bienvenu de donner des rôles d’animation à quelques personnes. Ici on conseille au minimum deux personnes pour animer, c’est-à-dire : expliquer le processus et rendre visible chaque étape (et le temps qu’on y consacre) ; rappeler si besoin l’objectif de départ ; associer le plus de monde possible aux discussions ; prendre des notes (si possible visibles de tou·te·s) ; aider à synthétiser les discussions ; prendre régulièrement la température du groupe ; etc. 

Comme dans toute discussion collective, il est bienvenu de donner des rôles d’animation à quelques personnes. Ici on conseille au minimum deux personnes pour animer, c’est-à-dire :

  • expliquer le processus et de rendre visible chaque étape et le temps qu’on y consacre,
  • rappeler, si besoin, l’objectif de départ,
  • associer le plus de monde possible aux discussions, par exemple en demandant à aux personnes qui n’ont pas pris la parole si elles souhaitent s’exprimer
  • prendre des notes
  • aider à synthétiser les discussions
  • prendre régulièrement la température du groupe (“Est-ce que cela convient à tout le monde ?”, “Est-ce que cela vous paraît mieux ?”, “Est-ce qu’il y a des oppositions absolues ?” etc.).

La tâche peut être rapidement énorme pour une seule personne : n’hésitez pas à créer une équipe d’animation et à vous répartir les tâches.

Réponses aux questions les plus fréquentes à propos du consensus

Le consensus, c’est l’unanimité ?

Non… et oui (dans cet ordre). Rappelons qu’une prise de décision au consensus ne vise pas à mettre tout le monde d’accord sur les idées, les valeurs, mais à formuler, affiner, adopter des positions ou des propositions d’actions pour le collectif. Il faut donc que le collectif exprime ses objections et ses réserves pour qu’il les traite jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus. À la fin, il y a donc une unanimité : celle qui consiste à dire que la décision prise est bonne pour tout le monde. En revanche, il n’y a pas unanimité des points de vue : certain·es continueront de penser que les « solutions » ou « idées » qu’ils ou elles ont proposées étaient les bonnes, bien qu’elles n’aient pas emporté l’adhésion du groupe. C’est pourquoi un processus au consensus ne gomme pas les désaccords, mais les explicite et les travaille.

Comment convaincre les gens qui veulent voter plutôt que de procéder par consensus ?

Il ne s’agit pas d’opposer le consensus et le vote comme exclusifs l’un de l’autre, mais de distinguer les deux. Le consensus implique un processus qui passe par les étapes mentionnées plus haut, alors que le vote peut avoir lieu sans cela. Il n’y a pas de problème en soi à avoir recours au vote. Mais le vote peut être insatisfaisant. Il peut aboutir à figer des positions de départ au lieu de chercher collectivement une position nouvelle, enrichie par le débat. Il peut donner l’impression de créer deux camps, l’un majoritaire, l’autre minoritaire, plutôt que de rassembler tout le monde autour d’une position collective.

Une manière d’articuler vote et consensus peut consister à démarrer un processus de décision par consensus, et de laisser entre-ouverte la porte du vote. Même si le groupe finit par voter, il sera intéressant de voir comment les discussions liées au travail du consensus auront nourri le vote final du collectif.

J’ai déjà essayé le consensus, mais quelques personnes avaient systématiquement recours au blocage ; ça n’a donc jamais marché.

Il est normal que le blocage arrive : cela fait partie du processus. Cela bloque si le collectif n’arrive pas à exploiter le blocage pour faire une nouvelle proposition. Pour limiter ce genre de situations, pensez à vérifier que vous utilisez le consensus pour faire ce à quoi il sert (voir les autres questions). Si un collectif est scindé en deux sur une prise de décision, le processus au consensus peut vous aider à comprendre pourquoi.

Est-ce qu’il y a une taille de groupe maximale pour procéder au consensus ?

Théoriquement non. Mais les dispositifs d’animation et de circulation de la parole changent. Lorsqu’on cherche à faire s’exprimer tout le monde, le recours à des petits groupes dans le grand groupe est nécessaire, au moins pour certaines phases du processus.

Combien de temps cela prend-il de prendre une décision au consensus  ?

Autant de temps que le collectif juge nécessaire. Cela ne veut toutefois pas dire que l’on ne se fixe pas une limite. Le temps de la délibération doit être le plus souvent un choix du collectif en fonction du type de décision à prendre et de l’évaluation de son degré d’urgence, des autres tâches ou des objectifs du collectif.

N’importe qui peut-il animer un processus de décision au consensus ?

La tâche est difficile, c’est pourquoi nous recommandons d’avoir une équipe d’animation. Comme pour toutes choses, il faudra s’entraîner. Procédez par niveaux, en termes de taille de groupe, d’enjeu de la question, etc. Il vaut mieux commencer à s’entraîner dans un collectif de taille réduite, et dans lequel règne une certaine confiance et une adhésion aux principes du consensus. Après avoir fait ses armes dans ce cadre sécurisé, on pourra le proposer à d’autres cercles avec plus de confiance. De même, commencez par vous entraîner sur des « petits problèmes », évitez les enjeux tellement énormes qu’ils paralysent la réflexion.

Comment éviter que les rapports de domination (de classe, de genre, de race) se reproduisent dans nos délibérations ?

Cela fait partie des tâches de l’animation. Il s’agit d’une préoccupation constante à avoir dans un collectif. Il existe des outils ou principes permettant de faire circuler la parole : limiter la durée des interventions, favoriser les discussions en petits groupes, alterner le genre dans les prises de parole, etc. Le collectif doit se donner des règles en amont des échanges, et l’animation a pour charge d’aider le groupe à les respecter. Certaines approches permettent aussi de faciliter la prise de parole des personnes qui ne la prennent pas facilement : partir de la subjectivité, de l’expérience vécue, des questions qui se posent plutôt que des réponses. 

L’équipe d’animation n’a-t-elle pas trop de pouvoir ?

Dans certaines étapes (reformulation de la problématique, améliorer les propositions, etc.), la responsabilité de l’animation est cruciale : c’est pourquoi il faut répartir cette tâche et ne pas hésiter à solliciter un contrôle bienveillant de l’assemblée sur l’animation.

Sur quels sujets doit-on procéder au consensus ?

Si l’on regarde attentivement le schéma proposé plus haut, on s’aperçoit que la méthode s’applique plutôt à des prises de décision tournées vers l’action. C’est un point fondamental. Le consensus cherche une adhésion à « faire ensemble » ; il est basé sur l’idée que les personnes sont plus enclines à s’investir pour mettre en œuvre une action (ou respecter une décision collective) si le processus de décision leur semble avoir été juste : on parlera de légitimité procédurale de la délibération1,2 . La prise de décision au consensus telle que présentée dans cette fiche pourra être plus ardue (en tout cas pour vos premières tentatives) quand il s’agira de délibérer sur des sujets « théoriques » plus éloignés de l’action.

Pour aller plus loin

Puisqu’il nous a beaucoup inspirés pour rédiger ce tuto, on vous recommande la lecture de l’excellent article de Juliette Picardeau et Léna Silberzahn « Prendre des décisions par consensus ou consentement. Enjeux et mode d’emploi » paru dans la revue EcoRev’ 2019/1 (N° 47).

Besoin d’aide ?

Si vous avez mis en pratique ce mode de prise de décision dans vos collectifs et que vous voulez partager votre expérience, ou que cherchez des pistes pour améliorer votre méthode, n’hésitez pas à contacter le pôle Pratiques militantes et éducations populaire.

Cette action nécessite-t-elle des justificatifs pour les comptes de campagne ?

Cette action ne nécessite pas de justificatif. Il s’agit d’une réunion interne.

Notes de bas de page

  1. HANSOTTE, Majo. « Mettre en œuvre les intelligences citoyennes – une méthodologie » in Le Monde selon les femmes, 2013 ↩︎
  2. MANIN, Bernard. « Volonté générale ou délibération ? Esquisse d’une théorie de la délibération politique » in Le Débat, vol.33, Pages 72-93 ↩︎

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